Le symbolisme dans les illustrations naturalistes

Le symbolisme dans les illustrations naturalistes

Les illustrations naturalistes sont bien plus que de simples représentations scientifiques de la faune et de la flore. Elles renferment souvent des symboles cachés, des messages culturels et une finesse de détails qui vont au-delà de leur esthétique. Voici comment l’histoire, la culture et la précision scientifique se mêlent pour créer des œuvres riches de sens.

 

Flying Gurnard - “Allgemeine Naturgeschichte der Fische (General natural history of fishes)”, Marcus Elieser Bloch

Flying Gurnard - General natural history of fishes, Marcus Elieser Bloch (1723-1799) © AMNH\D. Finnin

 

Les artistes spécialisé.es dans l’illustration scientifique jouaient un rôle crucial dans les expéditions d'exploration des XVIIe et XVIIIe siècles. Leur mission consistait à capturer avec précision les détails des plantes, des animaux et des phénomènes naturels rencontrés lors de ces voyages. Ces travaux étaient destinés à documenter des espèces encore inconnues de l’Europe et à fournir une référence visuelle à la communauté scientifique de l'époque.

Dans certaines illustrations, la mise en scène des spécimens était essentielle pour renforcer certains messages. Par exemple, la manière dont une plante est placée sur la page, le contexte dans lequel elle est présentée (isolée ou entourée d’autres espèces) ou encore les postures d’un animal peuvent suggérer des relations écologiques, des habitats naturels ou des comportements spécifiques.

Ces illustrations ne se contentaient donc pas de figurer des impressions générales d’animaux ou de plantes ; elles visaient à capturer les moindres particularités, telles que le nombre exact d’épines d’un poisson ou les motifs précis du plumage d’un oiseau. Cette méticuleuse précision permettait aux scientifiques de comparer ces représentations aux espèces d’autres régions du monde. Parfois, les spécimens étaient même représentés à taille réelle, remplissant une page entière des ouvrages. Ces images étaient à la fois des œuvres d'art et des outils scientifiques indispensables.

Certain.es artistes, comme Maria Sibylla Merian, connue pour ses études des insectes, représentaient des papillons, des chenilles et d’autres insectes en interaction avec des plantes, explorant les liens entre les espèces et parfois même interprétant symboliquement la métamorphose et le renouveau.

 

Costus arabicus - Metamorphosis insectorum Surinamensium, Maria Sibylla Merian, 1705.
Costus arabicus - Metamorphosis insectorum Surinamensium, Maria Sibylla Merian, 1705.

Dans les illustrations des cabinets de curiosités, comme celles d’Albertus Seba, la mise en page des spécimens exotiques cherchait à émerveiller et à évoquer la richesse infinie de la nature. Les plantes et animaux y étaient parfois représentés en associations inattendues, créant des compositions fantastiques ou "chimériques", qui suggéraient un autre niveau de lecture, celui du mystère de la nature et de sa capacité à surprendre.

 

Hydra - Thesaurus, Vol 3, Albertus Seba, 1758.

HydraThesaurus, Vol 3, Albertus Seba, 1758.

L'un des aspects les plus fascinants de ces illustrations est la présence de détails cachés ou de symboles souvent oubliés par les observateur.ices modernes. Une étude attentive de ces œuvres révèle d'incroyables éléments : les minuscules insectes se dissimulant dans les feuillages, les nuances de couleur suggérant des stades de maturation ou les arrière-plans discrets qui évoquent des paysages exotiques ou familiers.

Avec le temps, les techniques d’illustration scientifique ont évolué, notamment depuis l’arrivée de la photographie. Cependant, les illustrations faites à la main sont restées indispensables pour saisir des nuances et des détails que la photographie ne pouvait pas toujours capturer. De nombreux.ses artistes contemporain.es continuent de s’inspirer des méthodes des naturalistes, en observant de près la nature et en cherchant à en capturer l’essence.

 

Nothovernonia purpurea - A new genus, Nothovernonia, from tropical Africa, Alice Tangerini, 2011.
Nothovernonia purpurea (Sch.Bip. ex Walp.) - A new genus, Nothovernonia, from tropical Africa, Alice Tangerini, 2011.

Sources : 

- A world perspective of art appreciation, Deborah Gustlin & Zoe Gustlin (Evergreen Valley College), 2016.
- When Art Was the Scientist’s Eye: 400 Years of Natural History Illustrations, Allison Meier (hyperallergic.com), 2013.
- A Library of Natural Curiosities, Daisy Paul (Met Museum), 2019
- Observing Nature, Harn Museum of art.